Évaluation des pratiques des sauveteurs au combat français de niveau 2 en opérations extérieures
Position du problème et objectif(s) de l’étude
Créé en 2009 par le service de santé des armées, le programme de formation au sauvetage au combat vise à réduire le nombre de morts évitables tout en maitrisant l’exposition du personnel engagé en poursuivant la mission opérationnelle. Les auxiliaires sanitaires, des combattants avec une compétence santé, sont formés au sauvetage au combat de niveau 2 (SC2). L’objectif principal de notre étude était de décrire les situations cliniques rencontrées et les gestes techniques réalisés par les personnels formés SC2 lors de leurs projections en opérations extérieures.
Matériel et méthodes
Il s’agit d’une étude des pratiques professionnelles, quantitative, descriptive et rétrospective, réalisée sous la forme d’un questionnaire envoyé aux personnels formés au SC2 entre le 1er janvier 2009 et le 31 janvier 2022 au CEFOS de La Valbonne. Les données recueillies incluaient des informations démographiques, les situations cliniques rencontrées et les procédures techniques réalisées en opérations extérieures.
Résultats & Discussion
Au total, 374 questionnaires sur 1900 envoyés, soit 19.7%, ont pu être analysés. 53% des personnes interrogées ont été confrontées à une hémorragie garrotable ou jonctionnelle, et 68.8% ont déjà été amenés à réaliser un geste de contrôle des hémorragies. La prise en charge d’un état de choc a concerné 43.2% des répondants, et 87.5% ont déjà dû mettre en place un abord vasculaire. 15.8% des répondants ont dû gérer une atteinte des voies aériennes supérieures et 4.1% ont déjà réalisé une coniotomie per cutanée. 31.6% des personnels ont déjà pris en charge une plaie thoracique ou un pneumothorax et 26.9% ont pratiqué une exsufflation ou la mise en place d’un pansement trois côtés ou d’une valve d’Asherman. 48.1% des personnes interrogées ont pris en charge un blessé neurologique (traumatisme crânien grave ou traumatisme médullaire), 27.7% ont pris en charge un blessé brûlé et 39.3% ont participé à un afflux massif de blessés. Les SC2 ont souvent dû gérer ces situations sans le soutien d’un infirmier ou d’un médecin, notamment dans 42.6 % des cas d'hémorragie.
Conclusion
Cette étude montre que les auxiliaires sanitaires sont principalement confrontés à la prise en charge de blessés hémorragiques, mais qu’ils sont exposés à l’ensemble du spectre des blessures de guerre. Dans les conflits de haute intensité, ils pourraient être amenés à assurer des soins prolongés en autonomie. Ces résultats soulignent la nécessité d’adapter les programmes de formation et les référentiels doctrinaux afin de mieux préparer les SC2 à la prise en charge de blessés en contexte de haute intensité.
Auteurs
Emmanuelle ROUX (1), Jean COTTE (2), Catherine PIEPERS (3), Pierre-Julien CUNGI (2), Eric MEAUDRE (2), Quentin MATHAIS (2) - (1)Hnia Laveran, Marseille, France, (2)Hnia Sainte Anne, Toulon, France, (3)Cefos, La Valbonne, France