17 septembre 2025
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NIVATS vs IVATS : analyse monocentrique comparative avant–après

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’essor de la chirurgie thoracique vidéo‑assistée (VATS) a conduit les anesthésistes à rechercher des stratégies qui limitent les effets délétères de l’intubation sélective et de la ventilation unipulmonaire, tout en accélérant la réhabilitation après chirurgie (1–3). Dans ce contexte, la Non‑Intubated VATS (NIVATS) qui associe sédation légère et anesthésie loco-régionale et préserve ainsi la ventilation spontanée apparaît prometteuse (4, 5). Notre objectif était d’évaluer, dans un centre français, la faisabilité, la sécurité et l’impact péri‑opératoire de la NIVATS par rapport à l’anesthésie générale avec intubation sélective (IVATS) avec ventilation unipulmonaire

Matériel et méthodes

Étude rétrospective « avant‑après » monocentrique (Janvier 2017 à Mai 2024). Période « avant » : IVATS (n = 168) ; période « après » : NIVATS (n = 234). Un appariement sur score de propension (1:1) a permis d’équilibrer âge, sexe, IMC, comorbidités, score ARISCAT et indication chirurgicale (n = 138 par groupe). Le critère de jugement principal était l’incidence de complications per‑ et post-opératoires, notamment l’hypoxémie per‑opératoire (définie par SpO₂ < 92 % sur une durée ≥ 2 min) et l’incidence de complications pulmonaires postopératoires (pneumopathie infectieuse, atélectasie nécessitant un traitement fibroscopique ou VNI, embolie pulmonaire, pleurésie postopératoire, bullage prolongé). Les données pronostiques telles que la durée d’hospitalisation ainsi que la durée de drainage étaient recueillis

Résultats & Discussion

Au total, 402 patients ont été inclus. Après appariement sur score de propension, 138 patients par groupe avec des caractéristiques préopératoires superposables. Dans cette cohorte, la chirurgie durait en médiane 23,5 minutes en NIVATS (IQR 19,0–35,8) contre 31,0 minutes (23,0–44,8) en IVATS, tandis que l’occupation de la salle diminuait significativement (61 minutes [54–72] versus 89 minutes [73–100], p < 0,001). Le profil respiratoire per‑opératoire est resté comparable ; l’hypoxémie transitoire (SpO₂ < 92 % ≥ 2 min) s’est produite chez 37 % des patients NIVATS contre 34,8 % des patients IVATS (p = 0,80), et seules 4,7 % des procédures NIVATS ont nécessité une conversion vers une anesthésie générale: 4 % de ML et 0.7 % d’IOT. En postopératoire, la NIVATS a entraîné une réduction des complications pulmonaires : l’incidence des pneumonies infectieuses est à 1,4 % contre 13 % après VATS intubée (p < 0,001), le bullage prolongé  à 14,5 % contre 30,4 % (p = 0,002) et celle des atélectasies à 18,1 % contre 34,8 % (p = 0,003). Ces bénéfices se sont traduits par une RAAC (réhabilitation améliorée après chirurgie) efficace : la durée de drainage pleural passe de 4 jours [2–5] à 2 jours [2–4] (p < 0,001) et la durée totale d’hospitalisation réduite d’un jour (3 jours [2–6] vs 4 jours [4–5], p = 0,001). Enfin, l’analyse multivariée retrouve que l’âge supérieur à 65 ans, le tabagisme actif et un score ARISCAT > 44, mais non la technique anesthésique, étaient indépendamment associés au risque d’hypoxémie per‑opératoire.

Conclusion

La NIVATS est une technique sûre, réalisable et associée à des bénéfices cliniques: diminution du temps opératoire, réduction des complications pulmonaires postopératoires et réduction de la durée de séjour. Ces données confortent l’intérêt de la ventilation spontanée pour la chirurgie pleurale et les résections pulmonaires mineures, en particulier dans une stratégie d’optimisation du parcours ambulatoire

Auteurs

Yoann ELMALEH, Karim GUESSOUS, Nabil ZANOUN - (1)Quincy Anesthesie, Hopital Privé Claude Galien, Quincy Sous Senart, France

Orateur(s)

Yoann ELMALEH  (Paris)