Bloc péricapsulaire postérieur de hanche après PTH : étude avant/après analysant l’effet du volume injecté sur l’analgésie et le risque de bloc sciatique
Position du problème et objectif(s) de l’étude
La capsule coxo‑fémorale présente une densité élevée de nocicepteurs (fibres C et Aδ) et de mécanorécepteurs (Ruffini, Pacini, Golgi). Dans une revue systématique, Laumonerie et al. ont montré que ces fibres tapissent toute l’épaisseur capsulo‑ligamentaire, avec deux zones de forte concentration, antéro‑supérieure et postéro‑supérieure [1]. Leur stimulation expliquerait la douleur profonde de la coxarthrose et celle observée après arthroplastie totale de hanche (PTH). Birnbaum et al. décrivent deux champs d’innervation anatomiquement [2] : la capsule antérieure : branches articulaires sensitives des nerfs obturateur et fémoral ; la capsule postérieure : branches du nerf sciatique, du nerf du carré fémoral et du nerf glutéal supérieur et inférieur, riches en nocicepteurs. Cette richesse postérieure explique les douleurs résiduelles lorsque seul un bloc antérieur est réalisé. D’où l’intérêt de techniques visant la face postérieure, notamment le Deep Posterior Gluteal Compartment Block (DPGCB), qui anesthésie sélectivement les nerfs glutéal supérieur, carré fémoral et les rameaux articulaires du sciatique, avec un bénéfice analgésique démontré en étude pilote [3]. L’association d’un bloc antérieur (Pericapsular Nerve Group, PENG) et d’un bloc péricapsulaire postérieur offre une couverture capsulaire globale, améliorant l’analgésie tout en préservant la fonction motrice [4]. Objectif: Évaluer, dans notre filière RAAC, l’impact du bloc péricapsulaire postérieur (CPH) ajouté au PENG sur la qualité de la récupération et la douleur après PTH.
Matériel et méthodes
Étude rétrospective monocentrique (novembre 2024 ‑ avril 2025) avec deux phases: Phase AVANT (n = 20) : anesthésie générale + PENG. Phase APRÈS (n = 55) : même protocole + CPH échoguidé, volumes 5, 10 ou 15 mL d’anesthésique local. Critère principal : bloc sciatique post opératoire rendant impossible la verticalisation dans les 6 h. Critères secondaires : QOR −15 à H24/H48, consommation cumulée de morphine (0‑48 h), EVA au repos et au mouvement, durée d’hospitalisation. Les comparaisons utilisent les tests de Welch ou Fisher, seuil α = 0,05. Avis favorable du comité d’éthique Ramsay Santé (IRB: COS-RGDS-2024-06-039).
Résultats & Discussion
Les deux groupes sont comparables (âge 66 ± 10 vs 65 ± 11 ans ; IMC 24 ± 4 vs 26 ± 3 kg·m‑² ; ASA II en majorité). En phase APRÈS, aucun bloc sciatique n’est observé avec 5 ou 10 mL, alors qu’il survient dans 77 % des cas avec 15 mL. Aucune amélioration de l’EVA ou de la consommation d’opioïdes n’est constatée avec ce volume, tandis que des paresthésies sciatiques transitoires isolées sont rapportées. Les résultats sont présentés en table 1 et 2.
Conclusion
L’ajout du CPH (≤ 10 mL) améliore significativement le score QOR‑15, diminue douleur et opioïdes, et raccourcit légèrement le séjour. Ces données confirment la pertinence de bloquer la portion postérieure de la capsule pour optimiser l’analgésie après PTH. Le taux élevé de blocs sciatiques avec 15 mL suggère qu’un volume excessif diffuse vers le nerf sciatique sous le muscle piriforme, retardant la mobilisation et pouvant compromettre la RAAC. Une titration du volume est donc recommandée pour équilibrer efficacité et sécurité. La courbe d’apprentissage de la technique à permis de diminuer la survenue de bloc sciatique postopératoire en s’ecartant plus du nerf sciatique.
Auteurs
Yoann ELMALEH, Karim GUESSOUS, Clémence FRANCK, Thierry GARNIER - (1)Quincy Anesthésie, Paris, France