18 septembre 2025
212-213

Facteurs prédictifs de la douleur postopératoire après curiethérapie pour cancer

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’existence de douleurs postopératoires après Curiethérapie a été rapportée depuis une bonne dizaine d’année (1). Elles peuvent s’avérer intenses et prolongées jusqu’à la chronicisation, au point de nécessiter une prise en charge comparable à celle des patients post-chirurgicaux (2). Les effectifs des études existantes sont faibles et aucune ne s’est attachée à identifier des facteurs de risque. Le but de cette étude est d’évaluer l’incidence des douleurs postopératoires (échelle de 0 à 4) après curiethérapie à partir d’une cohorte sur 10 années complétée par une étude cas témoin comparant des patients ayant présenté les douleurs sévères et intolérables (3 et 4) à ceux n’ayant pas souffert (score nul).

Matériel et méthodes

Les données de 2015 à 2024 ont été extraites d’une base de données en vie réelle (Centricity Anesthesia General Electric) enregistrant tous les rapports d’anesthésie (peropératoire et salle de surveillance post-interventionnelle SSPI) et du dossier patient (DxCare Dedalus). Les patients de moins de 18 ans ont été exclus. Ont été collectés l’âge, le poids, la taille, le type d’intervention, la durée d’intervention, le type d’anesthésie (générale ou locorégionale), la localisation de la tumeur, les antalgiques administrés pendant l’acte et en SSPI et les scores de douleurs maxima et à la sortie de SSPI (Echelle EVS : 0 douleur nulle 1 douleur faible, 2 douleur modérée, 3 douleur sévère 4 douleur intolérable). Pour l’étude cas-témoin, les témoins ont été matchés aux cas selon le type d’intervention et la date opératoire. Les résultats sont exprimés en moyenne et écart-type ET. Ont été extraits du dossier patient informatisé, les antalgiques pris avant l’intervention, ceux administrés en hospitalisation ainsi que les scores de douleurs journaliers et de sortie de l’hôpital. Le comité d’éthique de l’hôpital a donné son accord pour l’utilisation locale des données rendues anonymes.

Résultats & Discussion

La cohorte contient 2813 actes sur 2250 patients (59 ±14 ans, 1615 femmes, 163 ± 21 cm, 73 ± 18 kg). La répartition des scores de douleurs en fonction de l’organe cible est résumée au tableau 1 : les actes gynécologiques et ORL sont pourvoyeurs de douleurs plus intenses. Avant l’intervention, les patients dans le groupe des cas prenaient plus fréquemment des opioïdes et des benzodiazépines (tableau 2). La proportion de patients sous anesthésie générale était plus élevée dans le groupe des cas. En hospitalisation, malgré des doses de morphine plus élevées (18 ± 58 versus 0,1 ± 0,5 p<0.0001), les échelles de douleurs sont restées élevées dans le groupe des cas pendant l’hospitalisation (5 ± 3 vers 3 ± 2 p<0.0001) et à la sortie (1,2 ± 1,8 versus 0,5 ± 1,3 p=0,0013).

Conclusion

Les douleurs intenses sont observées principalement en gynécologie et en ORL et elles sont moins fréquentes après rachianesthésie qu’après anesthésie générale ; cette technique devrait être retenue de principe pour les curiethérapies gynécologiques.  Jusqu’à la sortie, la proportion des patients douloureux reste plus élevée dans le groupe des cas malgré un traitement opiacé adapté.

Auteurs

Anisoara BAZNAT (1) , Philippe SITBON (1), Sophie ESPENEL (2), Elaine LIMKIN (2), Jean-Louis BOURGAIN (1) - (1)Daci, Service D'anesthésie, Gustave Roussy, Villejuif, France, (2)Service De Curiethérapie, Gustave Roussy, Villejuif, France

Orateur(s)

Anisoara BAZNAT  (Villejuif)