Transplantation hépatique robot assistée
Position du problème et objectif(s) de l’étude
La transplantation hépatique orthotopique est actuellement le seul traitement curatif des maladies hépatiques en phase terminale. La chirurgie robot-assisté suscite un intérêt croissant dans divers domaines chirurgicaux en raison de sa nature mini invasive et a prouvé son efficacité en réduisant le taux de complications post opératoires et en favorisant une réhabilitation plus rapide (1). L’objectif de cette étude est de présenter le protocole de transplantation hépatique robot-assistée mis en place à Lille.
Matériel et méthodes
Description du protocole de transplantation hépatique par voie robot-assistée au travers d’un cas, comparé aux données issues d’une étude antérieure (2018–2022) sur des patients similaires, ainsi qu’à celles de la littérature (2,3).
Résultats & Discussion
Les critères d’éligibilité retenus concernaient le greffon (morphologie favorable) et le receveur (absence de comorbidités, d’insuffisance rénale, d’obésité, de complexité chirurgicale anticipée et non hospitalisé à l’appel de greffe). En amont de l’intervention, l’ensemble des équipes anesthésiques et chirurgicales ont été formées, et un protocole spécifique a été rédigé. L’intervention a suivi le protocole (figure1). L’hépatectomie robot-assistée a permis une chute de pièce à 120 minutes puis mise en place du greffon à 140 minutes post incision. Les anastomoses cavo-cave latéro-latérale et porto-porte termino-terminale ont été réalisées avant le déclampage à 220 minutes. Les anastomoses artérielle et biliaire termino-terminale ont suivi. Les durées d’ischémie étaient de 321 minutes (froide), 60 minutes (tiède) et 66 minutes (biliaire). Un syndrome d’ischémie-reperfusion a été observé, nécessitant un maximum de noradrénaline à 6 mg/h. L’évolution postopératoire a été favorable : mise au fauteuil et reprise de l’alimentation per os à J1, EVA = 0 sous paracétamol. Le TDM de contrôle à J4 était normal. La sortie de réanimation était possible à J7, celle de l’hôpital à J8. La biopsie de reperfusion à J0 a révélé une stéatose macrovacuolaire à 40 % et des lésions sévères de préservation. Les durées opératoires et d’ischémie chaude sont plus élevées dans les 2 groupes robot-assisté, comparativement à notre cohorte, ceci pouvant être expliqué par un défaut d’expertise chirurgicale. Par contre la durée d’ischémie froide est identique dans les 3 groupes (tableau 1). L’Early Allograft Dysfunction, peut s’expliquer par un greffon « marginal » non mis sur machine de perfusion hypothermique oxygénée, contrairement à toutes les procédures italo-portugaises, et par une probable ischémie tiède plus « intense », liée à la mise en place du greffon dans un abdomen fermé. Le syndrome d'ischémie-reperfusion, peut être expliqué par une ischémie tiède plus « intense », le maintien d'une hypovolémie pendant la phase de dissection et le « vol vasculaire » dû à la position proclive.
Conclusion
Cette étude confirme la faisabilité de la transplantation hépatique robot-assistée d'un foie entier, sous réserve d'une expertise anesthésique et chirurgicale, tant en transplantation hépatique qu'en procédures robot-assistées. Elle souligne l'importance d'une sélection rigoureuse des receveurs et des greffons, et nécessite de porter une attention particulière à la durée d'ischémie chaude et à la gestion de la volémie pendant la période opératoire.
Auteurs
Alexandre DUFOREAU - (1)Iade, Lille, France