19 septembre 2025
313-314

Épidémiologie, facteurs pronostiques et prise en charge de la thrombose veineuse cérébrale en réanimation (étude CORECVT)

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La thrombose veineuse cérébrale (TVC) est une pathologie rare, représentant 0,5 % des AVC, avec un pronostic défavorable dans 15,1 % des cas (1). Le traitement repose principalement sur l’anticoagulation curative. D’autres approches, comme la thrombectomie, n’ont pas démontré de bénéfice significatif. Toutefois, les données concernant les formes les plus sévères, nécessitant une hospitalisation en réanimation, restent limitées (2). L’objectif de notre étude était de décrire et d’identifier les facteurs pronostiques et les stratégies clés de prise en charge chez les patients atteints de TVC sévère, définie comme la nécessité d’une admission en réanimation.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective, monocentrique, incluant des patients adultes (>18 ans) admis en réanimation neurochirurgicale entre janvier 2014 et mai 2024, avec un diagnostic confirmé de TVC. L’étude a été approuvée par le comité d’éthique local (IRB00011687, Collège de Neurochirurgie). Les données comprenaient les caractéristiques démographiques, cliniques, les résultats d’imagerie et les modalités de traitement, notamment les craniectomies et interventions endovasculaires. Le critère de jugement principal était une évolution neurologique défavorable à 6 mois, définie par un score de Rankin modifié (mRS) >2. Les comparaisons intergroupes ont été réalisées à l’aide d’un test de Student pour les variables continues paramétriques et d’un test de Wilcoxon pour les variables non paramétriques. Les valeurs catégorielles ont été comparées à l’aide d’un test du Chi². Tous les tests étaient bilatéraux, avec une valeur p < 0,05 considérée comme statistiquement significative.

Résultats & Discussion

Vingt-six patients ont été inclus (âge médian : 39 ans, IQR [24–59]), dont 54 % de femmes. À 6 mois, 54 % présentaient un mRS >2. Le score mRs médian à 6 mois était de 2 [0;2]. Le taux de mortalité était de 15 %, avec tous les décès survenus en réanimation. En phase aiguë, le score de Glasgow minimal médian était de 7 [4;10]. La majorité présentait des déficits neurologiques focaux (84 %) et des crises convulsives (54 %). Les localisations thrombotiques principales étaient les sinus latéraux (42 %) et le sinus sagittal supérieur (42 %). À l’imagerie, 96 % avaient un œdème cérébral, 53 % des lésions ischémiques et 65 % des hémorragies intra-parenchymateuses. Concernant les interventions, 23 % ont eu une thrombectomie mécanique, 4 % une thrombolyse in situ. La gestion de l’hypertension intracrânienne (HTIC) comprenait une surveillance invasicve de la pression intracrânienne (PIC) (61 %), une craniectomie décompressive (38 %) et un drainage ventriculaire externe (DVE) (54 %) (Figure 1). Les données complètes de la population figurent en Table 1. Aucune donnée démographique ou radiologique n’était associée à la mortalité. En revanche, une dégradation neurologique secondaire à l’anticoagulation était significativement liée à une mortalité accrue (p = 0,04).

Conclusion

Dans notre cohorte, les TVC sévères étaient associées à un pronostic neurologique favorable (Rankin >2) dans 54% des cas. Cependant, elle présentait une mortalité d’environ 15%, majoritairement à la phase aiguë. Les thérapies invasives, telles que la thrombectomie mécanique ou la craniectomie décompressive, pourraient être envisagées comme des thérapies de sauvetage en phase aiguë ou chez les patients à haut risque hémorragique en cas de contre-indication à l’anticoagulation.

Auteurs

Matthieu PERIN (1) , Vincent DEGOS (1), Bertrand MATHON (2), Kallel BASSEM (1), Eimad SHOTAR (3), Alice JACQUENS (1), Julie DUPONT (1) - (1)Réanimation Neurochirurgicale, Département D'anesthésie Et De Réanimation, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Sorbonne Université, Paris, Paris, France, (2)Département De Neurochirurgie, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Sorbonne Université, Paris, Paris, France, (3)Neuroradiologie, Département D'imagerie Médicale, Hôpital Pitié-Salpêtrière, Sorbonne Université, Paris, Paris, France

Orateur(s)

Matthieu PERIN  (Paris)