18 septembre 2025
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Algiscan® et évaluation de la douleur en neuro-réanimation

Position du problème et objectif(s) de l’étude

De nombreux soins en neuro-réanimation sont pourvoyeurs de douleur et d’inconfort. Les patients cérébrolésés sont souvent non-communicants, l’évaluation de leur douleur devient alors un enjeu primordial dans leur parcours de soins. Le but de cette étude est d’évaluer si l’Algiscan® (IDmed) avec son score PPI (à partir du réflexe de dilatation pupillaire en réponse à un stimulus tétanique) permet de mieux anticiper les réponses nociceptives que l’échelle d’hétéroévaluation, le BPS, durant les différents soins de réanimation.

Matériel et méthodes

Notre étude pilote a inclus des patients neurolésés, non-communicants et sédatés de neuro-réanimation. N’ont pas été inclus, les patients recevant des traitements modifiant le réflexe de dilatation pupillaire, ayant subi un trauma ou une chirurgie oculaire, atteints de cécité ou autres pathologies de l’œil. Avant la réalisation d’un soin, un score PPI était mesuré (protocole de service). Ensuite, les données de BPS, pression artérielle, fréquence cardiaque et pression intracrânienne étaient relevés à T0, T1, T5 puis T10 min.

Résultats & Discussion

20 patients ont été inclus dans notre étude de décembre 2024 à mars 2025 et 75 soins ont été analysés. Les soins les plus fréquents étaient les soins de nursing (n=40) et les aspirations endotrachéales (n=21). Les autres soins observés étaient des échographies, soins de kinésithérapie, pansements simples et complexes, pose et retrait de voie veineuse centrale. Un PPI initial entre 1-3 permettait de prédire une absence de réponse nociceptive peu importe le soin. En revanche un PPI > 7 prédisposait le patient à avoir une importante réponse nociceptive durant les soins et d’autant plus les soins de nursing. Concernant les données globales (figure 1) le BPS augmentait de façon significative dans le groupe de patients avec un PPI initial entre 4-6 (BPSbase = 3 ± 0 vs BPSmax = 4,5 ± 1,6 ; p=0,004) et dans le groupe avec un PPI initial 7-9 (BPSbase = 3 ± 0 vs BPSmax = 5,2 ± 2 ; p<0,0001). Concernant les soins de nursing (figure 2) le BPS augmentait de façon significative uniquement dans le groupe de patients avec un PPI initial 7-9 (BPSbase = 3 ± 0 vs BPSmax = 6,7 ± 2 ; p=0,004). Pour tous les soins, ceux pour lesquels le BPS > 5 : 27,3% avaient un PPI 4-6 et 72,7% avaient un PPI 7-9. Pour les soins de nursing, ceux pour lesquels le BPS > 5 : 33,3 % avaient un PPI 4-6 et 72,7% avaient un PPI 7-9. Le BPS n’a jamais été > 5 pour les PPI 1-3.

Conclusion

Notre étude nous permet de démontrer sur un faible effectif que le score BPS traditionnel ne permet pas de prédire une réponse nociceptive liée aux soins de réanimation avec notamment les soins de nursing. En revanche, l’Algiscan® avec l’index PPI pourrait permettre d’adapter l’analgésie aux soins à réaliser dans une population de patients non communicants.

Auteurs

Sebastien FILLATRE, Solenne DESOUCHE, David COURET, Sebastien LE COQ, Geraldine HUET - (1)Chu Sud Reunion, Saint-Pierre, Réunion

Orateur(s)

Sebastien FILLATRE  (Saint-Pierre)